Coulisses : Radiographie d’un tableau
Il est 17h. Philippe Bécade, Adjoint au Maire délégué à la Culture, et Aurélie Nougier, régisseuse des œuvres, arrivent à l’hôpital accompagnés de Sandrine Cailhol, restauratrice originaire du Lot. Dans les bras de l’élu, une boite noire qu’il manipule avec la plus grande précaution. À l’intérieur, l’objet de toutes les attentions ce jour-là, une huile sur toile datant d’avant 1867, peinte par Alexandre Desgoffe, élève d’Ingres.
Ce tableau, intitulé « La Vallée de la Nymphe Égérie », fait partie du legs du maître montalbanais et est habituellement visible dans une salle du premier étage du musée. La période du confinement est mise à profit pour l’envoyer en restauration.
Lorsque j’ai examiné le tableau pour poser mon diagnostic, j’ai noté des lacunes dans la couche picturale laissant apercevoir une couche de tonalité verte. Est-ce une sous-couche ou s’il s’agit d’une toile de réemploi ? J’ai proposé une radiographie pour tenter d’avoir une réponse.
Sandrine Cailhol, restauratrice
Le tableau, placé sur l’appareil de radiographie, est examiné sous toutes les coutures. Sur l’écran de contrôle, il apparait telle une photographie en nuances de noir, de gris et de blanc. « C’est assez surprenant, je ne m’attendais pas à distinguer autant de détails », confie Philippe Bécade, aux premières loges.
Sandrine Cailhol explique : « Nous ne voyons pas s’il existe un tableau sous-jacent. Soit, le vert est bien celui d’une sous-couche, soit, il y a du plomb dans les pigments utilisés qui empêche de voir ce qui se cache dessous. »
L’examen révélera cependant plusieurs éléments utiles dont « un enduit blanc à certains endroits et des zones plus claires dans le ciel qui donnent une idée de la densité des pigments qui contiennent des éléments métalliques ».
Enfin, le châssis et les différents éléments métalliques mettant la toile en tension ont pu être observés.
Sandrine Cailhol a ensuite emporté la toile dans son atelier où elle lui consacrera une trentaine d’heures de travail afin de refixer la couche picturale et nettoyer le tableau avant son retour au musée à la mi-décembre.
Cette initiative est un rapprochement entre le soin et la culture. C’est un symbole fort.
Philippe Bécade, Adjoint au Maire délégué à la Culture
Une expérience que le musée Ingres Bourdelle comme le Centre hospitalier sont prêts à renouveler. Rappelons que le MIB dispose d’un programme de restauration des œuvres qui concerne entre 80 et 100 œuvres par an, peintures, sculptures mais aussi cadres, arts graphies, céramiques...

Publié le 7 décembre 2020