Une ville façonnée par les idéaux contemporains
Partie 2
Dès l’Antiquité, les hommes rêvent à des villes idéales. Des villes qui, de par leur situation géographique ou leurs aménagements, réussiraient à faire naître une société plus juste ou plus libre, une forme urbaine qui influencerait favorablement les relations entre les personnes. Mais, le plus souvent, la ville s’adapte plus simplement à l’évolution de la société.
C’est ainsi que les premiers faubourgs de Montauban apparaissent dès le XIIIe siècle. À cette époque la ville est prospère et la population, de plus en plus nombreuse, commence à s’installer au-delà des remparts.
Même si le centre historique de Montauban conserve encore aujourd’hui son plan en damier, la ville se modernise et s’embellit, dès le XVIIe siècle, sous l’action des évêques et des intendants. Le paysage urbain se transforme avec la destruction des murailles, la construction de la cathédrale et d’hôtels particuliers…
La Révolution industrielle apporte également de profondes mutations tant sur la société que sur l’organisation urbaine. La découverte de nouvelles énergies entraine l’apparition de technologies novatrices dont les symboles les plus emblématiques sont l’automobile et le chemin de fer. Ainsi, à Montauban, pour fluidifier le trafic, plusieurs avenues sont créées, la porte triomphale érigée côté Villebourbon est détruite et le pont Vieux est élargi. Au XIXe siècle, Montauban accueille deux gares. Celle de Villebourbon, toujours en activité, est construite en 1856 et celle de Villenouvelle voit le jour deux ans plus tard. Un projet de tramway – qui prendra plutôt la forme d’un trolleybus – apparaît dès 1899 afin de relier ces deux gares.
À cette époque, l’utopie s’éloigne du terrain de la littérature pour rejoindre celui de l’architecture et de l’urbanisme. De nombreux projets hérités des théories politiques et sociales hygiénistes naissent dans les villes.
Du seau au robinet, de la fosse d’aisances à la station d’épuration, les villes et les sociétés urbaines évoluent largement grâce aux équipements dédiés à la salubrité. Prônant une nouvelle approche de l’environnement humain, les théories hygiénistes du XIXe siècle exposent qu'une amélioration du milieu de vie entraîne une amélioration de la santé.
Adrien Prax-Paris, maire de 1860 à 1870, se lance dans une politique de grands travaux : comblement du ruisseau Lagarrigue, construction des abattoirs… L’eau courante n’étant pas disponible dans les habitations, le conseil municipal se dote d’une commission des fontaines. Au XXe siècle, ce réseau de fontaines publiques deviendra progressivement le réseau de distribution à domicile.
Dans le même temps, l’hygiène corporelle se développe. La municipalité y répond avec la construction de bains-douches. Après 20 ans de discussions au sein du conseil municipal et d’études préalables, ils ouvrent en 1932 dans le quartier de Sapiac. S’en suit dès l’année suivante un second établissement situé en ville haute.
La mise en pratique des théories hygiénistes a permis la disparition des grandes épidémies en France et un allongement significatif de l’espérance de vie. Pourtant, au début du XXe siècle, ce courant, rejoint par l’eugénisme, montrera ses limites.
Sélection de documents présentés
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Porte triomphale du pont Vieux (29 juillet 18[5]3)
Pour célébrer la paix de Ryswick (1697), l’intendant Legendre édifie cette porte monumentale. Un fronton triangulaire porte les armes du roi, les armes de la ville et un mascaron. En 1869, la porte est démolie. Le pont acquiert alors son aspect actuel.
Pôle Mémoire – Archives municipales, 1M166
Correspondance relative à la largeur du pont Vieux (28 septembre 1852)
Cette correspondance entre le Cabinet du Préfet et la Mairie de Montauban révèle que M. Payen, inspecteur divisionnaire des Ponts et Chaussées, ne pouvait ‘’s’empêcher de reconnaître que le monument dont il s’agit oppose de graves obstacles à la circulation puisqu’il ne laisse qu’un passage de 4 m. 64C., passage tout à fait insuffisant pour que deux voitures puissent se croiser sans accident’’.
Pôle Mémoire – Archives municipales, 1M166
Affiche d’enquête publique sur la mise en place d’un tramway électrique à Montauban (10 juillet 1899)
Ce tramway à traction électrique devait relier la gare du Midi (actuelle gare de Villebourbon) à la gare du chemin de fer d’Orléans (gare de Villenouvelle qui sera déclassée en 1992 et deviendra la salle de spectacles Eurythmie).
Pôle Mémoire – Archives municipales, 15W316
Projet de tracé du tramway électrique entre la gare de Villebourbon et de Villenouvelle (18 mars 1899)
Le terme de ‘’tramway’’ est ici employé de manière impropre. En effet, il faudrait plutôt parler d’électrobus (marque Lombard-Gérin). La présence de cet équipement a été extrêmement furtive à Montauban puisqu’il n’a existé qu’en 1903 et 1904, ce qui explique sans doute le peu de documents sur ces véhicules.
Pôle Mémoire – Archives municipales, 15W316
Arrêté municipal sur la salubrité (17 août 1835)
Rédigé par l’inspecteur-général des Ponts et Chaussées à l’attention du Maire de Montauban, Adrien Prax-Paris, cette lettre détaille tous les éléments techniques à mettre en place pour l’établissement de fontaines dans la ville. En introduction, il est question des moyens d’alimentation de ces fontaines avec le Tarn et le Ramier, chimiquement purs, mais difficiles à filtrer en cas de crues notamment.
Pôle Mémoire – Archives municipales, 3N29
Imaginer Montauban demain (2020)
Dessins et maquettes réalisés par les classes de CM1 et de CM2 de Maryline Barthe et Christelle Marty de l’école Jules Guesde.
Après avoir visité les réserves des Archives municipales et découvert les missions d’un archiviste, les élèves ont travaillé, à partir de documents originaux conservés au Pôle Mémoire, sur l’urbanisme et sur l’évolution de la ville de Montauban à travers les siècles.
La technologie est un facteur important dans la ville de demain. les élèves ont inventé des véhicules volants, des objets qui relèvent de la téléportation pour se déplacer dans un souci de moins de pollution. Ils ont aussi réfléchi à l’enjeu des espaces verts et ont souhaité travailler sur ce que serait Montauban avec plus de corridors écologiques, d’arbres et de moments de verdure.
Sur leurs projets artistiques, ils ont été accompagnés par l’artiste Thésée Teres. Habitante de Montauban, Thésée Teres a d’abord exercé en tant qu’amateur. Elle a ensuite décidé d’en faire sa profession il y a six ans. Depuis 2012, Thésée Teres a remporté de nombreux prix.